L’ère de la mondialisation, l’ouverture des frontières ainsi que les immenses progrès techniques et de communication ont favorisé le maintien des liens et des échanges diasporiques partout à travers le globe. Ce billet traitera plus spécifiquement des transferts économiques de la population migrante, provenant des pays en voie de développement (PVD), au sein de leur patrie. Ainsi seront illustrés les effets potentiels de cette diaspora sur la réduction de la pauvreté, la stabilité financière et le développement économique des pays receveurs[1].
En effet, les diasporas ont un impact considérable au niveau du décollage économique au sein des pays en transition et en voie de développement à travers « le renforcement des échanges commerciaux, les investissements [dont les IDE], les transferts de fonds, de compétences et de technologies »[2]. À titre d’exemple, l’estimation des flux de diaspora dans les PVD s’est élevée à plus de 240 milliards de dollars US en 2007, valeur officielle qui est d’ailleurs largement inférieure aux réelles sommes transférées[3]. Dans les principaux bénéficiaires de cette année-là, on retrouve l’Inde avec 27 milliards de dollars et la Chine avec 25.7 milliards de dollars. D'ailleurs, ces sommes ne cessent de croître d'années en années. De nos jours, par exemple, plus de 80 % des investissements de la Chine proviennent de la diaspora chinoise [4].Au niveau de l’Afrique, les flux provenant des quelques 140 millions d’Africains vivant hors du continent[5] sont estimés à plus de 36 milliards US pour 2014[6].
Il est possible d’affirmer que les diasporas facilitent les échanges tant commerciaux que socioculturels grâce à leur fonction d’intermédiaire en acheminant aux habitants de leur patrie des informations concernant les marchés ainsi qu’en transmettant aux habitants de leur pays d’accueil des informations sur leur pays d’appartenance au niveau : des opportunités d’investissement, des lois, des régulations, des différences dans la culture, du secteur informel, la manière de faire des affaires, etc[7]. De par le rôle qu’elles jouent au niveau du respect des contrats ainsi que de l’augmentation de la confiance, elles arrivent même à abaisser les coûts de transaction et les risques d’opportunismes dans les échanges dans les échanges commerciaux et les IDE[8]. Il ne faut également pas négliger le transfert d’expertise, de compétences et d’innovation de ces derniers généralement lorsqu’ils retournent dans leur pays natal, ce qui favorise indirectement la croissance de la productivité[9]. Ainsi, en plus de transférer des fonds et de l’expertise à leur patrie, les diasporas influencent les entreprises de leur pays d’accueil pour les amener à investir outre-mer en agissant comme « bâtisseurs de passerelles» entre les pays développés et en voie de développement[10].
Qui plus est, mesurer précisément le rôle des transferts de la diaspora dans le développement s’avère une tâche difficile, car des sommes importantes non déclarées transitent également par canaux informels sans passer par les institutions financières classiques[11]. De manière générale, pour arriver à comprendre les effets réels de ces transactions monétaires, il faut considérer les aspects sociaux et politiques autant que ceux économiques. En effet, ce sont habituellement les familles les principaux destinataires, via des transferts privés, considérés comme des alternatives aux gouvernements dans la mesure où ils viennent « combler un déficit gouvernemental des pays du Sud qui sont majoritairement incapables de répondre aux besoins primordiaux de leur population [en agissant comme] une soupape de sécurité pour les citoyens»[12]. Ces sommes sont donc des revenus familiaux complémentaires qui participent à l’amélioration des conditions de vie : construction, agrandissement de la maison, achat de matériel agricole, paiement de la scolarité des enfants, remboursement d’une dette, etc[13]. En Afrique par exemple, ces montants sont généralement utilisés pour payer les dépenses courantes de la quotidienneté et les besoins essentiels tels que l’alimentation, les vêtements, les soins de santé et l’éducation[14]. Parfois, ces ressources financières sont également mises en commun, et ce dans le but de réaliser un projet collectif[15]. Dans certains cas comme au Mali, les transferts réguliers pour soutenir la famille servent ainsi à la construction d’infrastructures communautaires puisque l’État n’a pas la capacité de le faire[16].
Finalement, considérant le poids énorme que les diasporas possèdent au niveau du développement économique des PVED, serait-il juste de penser qu’elles pourraient finir par devenir un substitut à l’Aide publique au Développement provenant des États développés?
Catherine Rioux
En effet, les diasporas ont un impact considérable au niveau du décollage économique au sein des pays en transition et en voie de développement à travers « le renforcement des échanges commerciaux, les investissements [dont les IDE], les transferts de fonds, de compétences et de technologies »[2]. À titre d’exemple, l’estimation des flux de diaspora dans les PVD s’est élevée à plus de 240 milliards de dollars US en 2007, valeur officielle qui est d’ailleurs largement inférieure aux réelles sommes transférées[3]. Dans les principaux bénéficiaires de cette année-là, on retrouve l’Inde avec 27 milliards de dollars et la Chine avec 25.7 milliards de dollars. D'ailleurs, ces sommes ne cessent de croître d'années en années. De nos jours, par exemple, plus de 80 % des investissements de la Chine proviennent de la diaspora chinoise [4].Au niveau de l’Afrique, les flux provenant des quelques 140 millions d’Africains vivant hors du continent[5] sont estimés à plus de 36 milliards US pour 2014[6].
Il est possible d’affirmer que les diasporas facilitent les échanges tant commerciaux que socioculturels grâce à leur fonction d’intermédiaire en acheminant aux habitants de leur patrie des informations concernant les marchés ainsi qu’en transmettant aux habitants de leur pays d’accueil des informations sur leur pays d’appartenance au niveau : des opportunités d’investissement, des lois, des régulations, des différences dans la culture, du secteur informel, la manière de faire des affaires, etc[7]. De par le rôle qu’elles jouent au niveau du respect des contrats ainsi que de l’augmentation de la confiance, elles arrivent même à abaisser les coûts de transaction et les risques d’opportunismes dans les échanges dans les échanges commerciaux et les IDE[8]. Il ne faut également pas négliger le transfert d’expertise, de compétences et d’innovation de ces derniers généralement lorsqu’ils retournent dans leur pays natal, ce qui favorise indirectement la croissance de la productivité[9]. Ainsi, en plus de transférer des fonds et de l’expertise à leur patrie, les diasporas influencent les entreprises de leur pays d’accueil pour les amener à investir outre-mer en agissant comme « bâtisseurs de passerelles» entre les pays développés et en voie de développement[10].
Qui plus est, mesurer précisément le rôle des transferts de la diaspora dans le développement s’avère une tâche difficile, car des sommes importantes non déclarées transitent également par canaux informels sans passer par les institutions financières classiques[11]. De manière générale, pour arriver à comprendre les effets réels de ces transactions monétaires, il faut considérer les aspects sociaux et politiques autant que ceux économiques. En effet, ce sont habituellement les familles les principaux destinataires, via des transferts privés, considérés comme des alternatives aux gouvernements dans la mesure où ils viennent « combler un déficit gouvernemental des pays du Sud qui sont majoritairement incapables de répondre aux besoins primordiaux de leur population [en agissant comme] une soupape de sécurité pour les citoyens»[12]. Ces sommes sont donc des revenus familiaux complémentaires qui participent à l’amélioration des conditions de vie : construction, agrandissement de la maison, achat de matériel agricole, paiement de la scolarité des enfants, remboursement d’une dette, etc[13]. En Afrique par exemple, ces montants sont généralement utilisés pour payer les dépenses courantes de la quotidienneté et les besoins essentiels tels que l’alimentation, les vêtements, les soins de santé et l’éducation[14]. Parfois, ces ressources financières sont également mises en commun, et ce dans le but de réaliser un projet collectif[15]. Dans certains cas comme au Mali, les transferts réguliers pour soutenir la famille servent ainsi à la construction d’infrastructures communautaires puisque l’État n’a pas la capacité de le faire[16].
Finalement, considérant le poids énorme que les diasporas possèdent au niveau du développement économique des PVED, serait-il juste de penser qu’elles pourraient finir par devenir un substitut à l’Aide publique au Développement provenant des États développés?
Catherine Rioux