L’inaction de la communauté internationale vis-à-vis le génocide de 1994 au Rwanda a été décrié de part et d’autre comme étant le pire échec de l’ONU[3]. Des éléments dont on peut se rappeler face à cette tragédie, on retient l’incapacité pour la mission de paix de l’ONU (MINUAR), dirigée par le lieutenant-général canadien Roméo Dallaire, de pouvoir agir par manque de ressources matérielles et humaines, mais surtout par des règles d’engagements insuffisantes. On retient également l’absence d’ONG sur place hormis la Croix-Rouge et MSF qui se sont retrouvées toutes deux impuissantes et dépassées par les événements. La réponse internationale à cet ethnocide a été généralement dépeinte comme une débâcle humanitaire (Pour aller plus loin lire sur ce sujet, lire: J'ai serré la main du diable : la faillite de l'humanité au Rwanda par le Général Roméo Dallaire).
On peut avoir espoir que les commémorations à venir permettront de ramener cette partie d’histoire à la surface pour quelques instants et ainsi conscientiser davantage la population mondiale sur le crime de génocide et sur l’importance d’agir. Toutefois, ce ne sera pas le premier effort en ce genre.
En effet, au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, la communauté internationale a constaté les atrocités perpétrées par le régime nazi. C’est donc en 1948, au sein d’une Organisation des Nations Unies (ONU) encore naissante, que la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide a été adoptée. À ce jour, 144 États ont adhéré à cette convention, représentant près des trois quarts des membres de l’ONU[4]. On croyait alors qu’avec cet instrument de Droit et la toute récente Charte des Nations Unies, ce genre de crime ignoble ne se reproduirait plus. Ce qui n’a cependant pas été le cas.
L’Holocauste fait désormais parti de la mémoire collective mondiale et, un peu partout dans le monde, la diaspora juive a multiplié les efforts au fil des décennies afin d'en préserver le souvenir et d'éviter que de tels événements ne se produisent. À Montréal, un Centre Commémoratif de l’Holocauste ouvrit ses portes en 1979 et se donna la mission suivante :
« […] informe et sensibilise les gens de tous âges et de tous milieux sur l'Holocauste, ainsi que sur l'antisémitisme, le racisme, la haine et l'indifférence. […] promotion de notre responsabilité collective à l'égard du respect de la diversité et le caractère sacré de toute vie humaine. »[5]
Or, les juifs ne sont pas les seuls à chercher à éveiller les consciences sur ce qu’il y a de pire en l’être humain. En effet, la diaspora arménienne observe chaque 24 avril, depuis plus de 50 ans, une journée commémorative pour rappeler les horreurs qui ont fait perdre la vie à environ 1,5 million d’arménien en 1915-17 et pour mettre de la pression sur certains gouvernements afin que ceux-ci reconnaissent officiellement ce génocide[6].
Tristement, ce genre d’initiative des diasporas à travers la planète et la ratification d’un traité international par plusieurs États n’ont pas su empêcher le massacre de deux millions de Cambodgiens à la fin des années 1970[7] ou celui de plus de 800 000 Tutsis au Rwanda en 1994[8].
Néanmoins, il est important pour ces diasporas de continuer à conscientiser leur communauté d’adoption afin de pouvoir au moins agir et non pas faire la sourde oreille comme avec le cas du Rwanda en 1994[8].
J’aimerais conclure en citant un audioguide fournit pendant la visite des « Killing Fields » (site d’exécution du génocide au Cambodge) à Phnom Penh qui mentionne :
« it has happened before and it will happen again »[9]
Actuellement, en 2014, une crise fait rage en République centrafricaine. Le mot "génocide" a été répété à plusieurs reprises alors que plusieurs musulmans ont été tués atrocement sans aucun autre motif que leur appartenance à l’islam. L’ONU a par ailleurs dépêché des gens sur le terrain pour évaluer la situation, mais sans plus[10].
Devant ces faits, avons-nous réellement appris quelque chose ?
Est-ce que les commémorations de la diaspora Rwandaise débutant dans quelques jours sauront avoir l’impact souhaité ?
Nicolas Marcotte