Qui n’a jamais entendu parler de la Mafia? La Mafia, datant de la fin du XIXe siècle, proviendrait du combat acharné mené le par peuple sicilien contre la domination étrangère. À l’époque, les puissances étrangères qui contrôlèrent successivement la Sicile négligèrent le peuple. Il en résulta un phénomène d’isolement et un rejet de toute autorité de la part de ce dernier. Ainsi, la Mafia s’établit sur l’île comme un pouvoir parallèle, avec ses lois, son code de l’honneur, ses serments du sang et ses châtiments.[1]
Actuellement, on dénombre une dizaine d’organisations mafieuses, dont la Cosa Nostra en Italie, les Triades en Chine, les Yakuzas au Japon, la mafia albanophone, etc. [2] [3] Ces organisations génèrent une partie de leurs revenus par des activités illégales telles que le trafic de biens volés, la prostitution, le trafic de drogues, l’exploitation de réseaux d’immigration clandestine, etc. Les revenus générés sont investis parallèlement dans des activités légales, telles que l’immobilier, le luxe ou l’industrie des loisirs, afin de blanchir leur argent et d’accumuler du capital « propre ». [4] [5]
Le cas de la mafia italo-américaine, une « cousine » de la Cosa Nostra Sicilienne, permet d’illustrer une partie des rôles pouvant être joués par les diasporas pour les organisations mafieuses.
La Cosa Nostra est née à la fin du XIXe siècle dans la région de Palerme, en Sicile. Il s’agissait alors d’une force, mafieuse, chargée d’assurer la sécurité des domaines des grands propriétaires terriens dans un contexte où les institutions publiques italiennes étaient très déficientes. [6][7]
De 1820 à 1930, on assiste à une immigration massive des Italiens vers le continent nord-américain. Plus de 4 millions d’Italiens s’y installeront définitivement, principalement à l’est des États-Unis, en se regroupant dans certains quartiers par régions de provenance, par villages ou par clans familiaux. Dans ces quartiers isolés, les enfants d’immigrés apprennent la loi de la rue. Une zone au sud de Manhattan, appelée Five Points, deviendra alors l’endroit le plus mal famé de New York. Dans les années 1870, alors qu’une nouvelle vague d’immigrants italiens s’installe au sud de Manhattan, une forme embryonnaire d’organisation mafieuse voit le jour sous le nom de « Mano Nera ». [8]
En Sicile, entre 1924 et 1929, une guerre menée par le préfet Cesare Mori vise à éradiquer toute activité mafieuse sur l’île. L’organisation Cosa Nostra devient alors davantage clandestine et se dissémine hors des frontières insulaires. Des mafieux profiteront alors de l’implantation d’une diaspora sicilienne aux États-Unis pour s’établir sur le continent nord-américain. [9] Ces nouveaux immigrés constitueront le véritable socle de ce qu’est aujourd’hui le crime organisé italo-américain.
Dans les années 1930 s’amorcera une restructuration des gangs par la violence. Les jeunes criminels, désirant tirer profit du trafic de drogue et de la prostitution, se heurtent aux anciens jugeant ces activités indignes d’un homme d’honneur. Cette guerre profitera à Lucky Luciano qui donnera naissance à la Cosa Nostra américaine, indépendante de sa « cousine » sicilienne et tirant ses profits des casinos, de la prostitution, du racket des syndicats et du trafic de stupéfiants. Dans cette nouvelle organisation, les relations personnelles, familiales ou locales laissent place à une relation axée uniquement sur l’enrichissement. Il est désormais convenu qu’aucun chef mafieux ne doit dominer l’ensemble du crime organisé à lui seul.[10]
Durant la 2e Guerre mondiale, les réseaux mafieux siciliens affaiblis par la guerre violente menée à son égard par Mussolini, seront réactivés par les États-Unis. La Mafia profitera de l’arrivée des troupes américaines en Sicile, en 1943, pour s’étendre à nouveau sur le territoire et s’affirmer lors de la période de restauration de l’État italien durant l’après-guerre. La Mafia sicilienne se transformera radicalement, en passant alors d’une vieille Mafia rurale à une Mafia plus puissante, empruntant les méthodes des familles criminelles italo-américaines pour devenir une organisation criminelle transnationale.
L’exemple de la mafia italo-américaine fait ressortir plusieurs aspects qui unissent diasporas et organisations mafieuses : [11]
Ainsi, l’isolement des populations immigrées est un facteur favorisant la violence et la criminalité. Les groupes mafieux ne pourraient pas réaliser l’ensemble de leurs activités criminelles sans les réseaux diasporiques qui couvrent de vastes territoires.[12]
D’ailleurs, les structures criminelles s’appuyant sur les diasporas peuvent être extrêmement redoutables, non seulement pour les structures socio-économiques et politiques du pays d’accueil, mais également pour le pays d’origine. Le seul moyen de lutter contre la criminalisation des diasporas semble être de favoriser leur intégration sur le territoire d’accueil.
Yoan Boisselier
Actuellement, on dénombre une dizaine d’organisations mafieuses, dont la Cosa Nostra en Italie, les Triades en Chine, les Yakuzas au Japon, la mafia albanophone, etc. [2] [3] Ces organisations génèrent une partie de leurs revenus par des activités illégales telles que le trafic de biens volés, la prostitution, le trafic de drogues, l’exploitation de réseaux d’immigration clandestine, etc. Les revenus générés sont investis parallèlement dans des activités légales, telles que l’immobilier, le luxe ou l’industrie des loisirs, afin de blanchir leur argent et d’accumuler du capital « propre ». [4] [5]
Le cas de la mafia italo-américaine, une « cousine » de la Cosa Nostra Sicilienne, permet d’illustrer une partie des rôles pouvant être joués par les diasporas pour les organisations mafieuses.
La Cosa Nostra est née à la fin du XIXe siècle dans la région de Palerme, en Sicile. Il s’agissait alors d’une force, mafieuse, chargée d’assurer la sécurité des domaines des grands propriétaires terriens dans un contexte où les institutions publiques italiennes étaient très déficientes. [6][7]
De 1820 à 1930, on assiste à une immigration massive des Italiens vers le continent nord-américain. Plus de 4 millions d’Italiens s’y installeront définitivement, principalement à l’est des États-Unis, en se regroupant dans certains quartiers par régions de provenance, par villages ou par clans familiaux. Dans ces quartiers isolés, les enfants d’immigrés apprennent la loi de la rue. Une zone au sud de Manhattan, appelée Five Points, deviendra alors l’endroit le plus mal famé de New York. Dans les années 1870, alors qu’une nouvelle vague d’immigrants italiens s’installe au sud de Manhattan, une forme embryonnaire d’organisation mafieuse voit le jour sous le nom de « Mano Nera ». [8]
En Sicile, entre 1924 et 1929, une guerre menée par le préfet Cesare Mori vise à éradiquer toute activité mafieuse sur l’île. L’organisation Cosa Nostra devient alors davantage clandestine et se dissémine hors des frontières insulaires. Des mafieux profiteront alors de l’implantation d’une diaspora sicilienne aux États-Unis pour s’établir sur le continent nord-américain. [9] Ces nouveaux immigrés constitueront le véritable socle de ce qu’est aujourd’hui le crime organisé italo-américain.
Dans les années 1930 s’amorcera une restructuration des gangs par la violence. Les jeunes criminels, désirant tirer profit du trafic de drogue et de la prostitution, se heurtent aux anciens jugeant ces activités indignes d’un homme d’honneur. Cette guerre profitera à Lucky Luciano qui donnera naissance à la Cosa Nostra américaine, indépendante de sa « cousine » sicilienne et tirant ses profits des casinos, de la prostitution, du racket des syndicats et du trafic de stupéfiants. Dans cette nouvelle organisation, les relations personnelles, familiales ou locales laissent place à une relation axée uniquement sur l’enrichissement. Il est désormais convenu qu’aucun chef mafieux ne doit dominer l’ensemble du crime organisé à lui seul.[10]
Durant la 2e Guerre mondiale, les réseaux mafieux siciliens affaiblis par la guerre violente menée à son égard par Mussolini, seront réactivés par les États-Unis. La Mafia profitera de l’arrivée des troupes américaines en Sicile, en 1943, pour s’étendre à nouveau sur le territoire et s’affirmer lors de la période de restauration de l’État italien durant l’après-guerre. La Mafia sicilienne se transformera radicalement, en passant alors d’une vieille Mafia rurale à une Mafia plus puissante, empruntant les méthodes des familles criminelles italo-américaines pour devenir une organisation criminelle transnationale.
L’exemple de la mafia italo-américaine fait ressortir plusieurs aspects qui unissent diasporas et organisations mafieuses : [11]
- La criminalisation d’une diaspora intervient généralement par l’intégration de criminels au sein des flux de migrants.
- La diaspora s’inspire de l’existence d’une structure criminelle historique dans le pays d’origine pour la recréer.
Ainsi, l’isolement des populations immigrées est un facteur favorisant la violence et la criminalité. Les groupes mafieux ne pourraient pas réaliser l’ensemble de leurs activités criminelles sans les réseaux diasporiques qui couvrent de vastes territoires.[12]
D’ailleurs, les structures criminelles s’appuyant sur les diasporas peuvent être extrêmement redoutables, non seulement pour les structures socio-économiques et politiques du pays d’accueil, mais également pour le pays d’origine. Le seul moyen de lutter contre la criminalisation des diasporas semble être de favoriser leur intégration sur le territoire d’accueil.
Yoan Boisselier