Depuis environ vingt-cinq ans, les études sur les migrations portent une attention particulière au genre. Si la migration féminine est souvent mise à l’écart, son rôle n’a cessé de croître, à un point tel qu’on parle aujourd’hui de féminisation de la migration internationale[1]. Le phénomène de la féminisation de la migration fait référence à l’amplification et l’intensification des femmes migrantes en tant qu’actrices indépendantes et actives de la migration[2]. Ce n’est plus en tant qu’épouses qu’elles émigrent, mais plutôt en tant que professionnelles, mères célibataires, parfois divorcées ou veuves. Elles deviennent ainsi des acteurs économiques importants et elles ont aujourd’hui un apport significatif autant à leur pays d’origine, qu’à leur pays d’accueil.
Les diasporas féminines, arabes, africaines ou asiatiques, participent au développement de leurs pays d’origine dans différents domaines. Cependant, leur rôle demeure encore méconnu et négligé. Le manque de données migratoires désagrégées en fonction du sexe rend difficiles la compréhension et l’évaluation de leur apport spécifique[3].
Nombreuses sont les femmes de différentes diasporas à être engagées dans la défense des droits de la femme dans leurs pays d’origine. Waris Dirie, ancienne mannequin de renommée internationale est certainement un des exemples les plus probants. Après avoir été nommée Ambassadrice spéciale des Nations Unies pour l’élimination des mutilations génitales féminines, elle a écrit une autobiographie qui fut portée au grand écran et a mis sur pied une fondation pour militer contre cette pratique (DesertFlowerFoundation)[4]. Des cybercommunautés voient aussi le jour afin de dénoncer la situation de la femme, notamment dans les pays arabes. C’est ainsi que l’Arab Women Solidarity Association United a été mise sur pied en 2002. L’organisation est composée d’une majorité de membres établis aux États-Unis, issus de la diaspora arabe, et milite contre l’oppression des femmes dans les pays arabes[5]. En plus d’avoir créé une cybercommunauté d’échanges entre ses membres, cette organisation a organisé diverses conférences internationales portant sur les conditions de vie de la femme dans les pays arabes. Ces conférences ont donné lieu à de la littérature périodique, une production audio-visuelle ainsi que des livres concernant les enjeux qui touchent les femmes arabes.[6]
Longtemps, la participation de la diaspora féminine africaine à l’autonomisation économique des femmes de leurs pays d’origine a été connue à travers leur contribution à des caisses de solidarité (tontines)[7] qui ont permis de soutenir le développement socio-économique de nombreuses communautés. Scolarisée et qualifiée, la diaspora féminine africaine a le potentiel de soutenir la déconstruction du rôle traditionnel des genres dans les sociétés africaines[8]. Mais elles ont aussi un rôle important dans le domaine de la coopération intellectuelle à travers le transfert de savoir, de connaissances et le transfert technologique, particulièrement dans les domaines de l’environnement et de la santé.
Considérant le rôle que les membres la diaspora féminine africaine jouent et le potentiel dont elles disposent pour influencer le développement socio-économique de leurs communautés d’origine, l’Organisation internationale de la Migration a mis sur pied une base de données qui vise à recenser, dénombrer et évaluer le potentiel de cette diaspora[9].
Si l’apport des diasporas féminines est important pour leur pays d’origine, il importe aussi de mentionner le rôle important que jouent les femmes des différentes diasporas dans leurs communautés d’accueil. De nombreuses études portent sur l’apport des diasporas, mais peu se concentrent sur l’apport spécifique des femmes migrantes dans ces communautés. Une étude réalisée à Edmonton sur les immigrantes africaines de 2000 à 2006 démontre qu’elles participent significativement au développement socio-économique de leur communauté à travers « la réalisation d’activités sociocommunautaires et religieuses, la participation active dans la société, le bénévolat, la participation aux activités éducatives avec les enfants, l’aide apportée aux nouveaux arrivants […] et leur participation active au marché du travail »[10]. Il semble donc qu’où qu’elles soient, ces femmes favorisent un développement socio-économique dans leurs communautés.
Les approches genrées dans le développement sont de plus en plus à l’agenda des agences de développement entre autre parce que l’on considère les femmes comme des acteurs économiques et sociaux fortement engagés dans le développement de leurs communautés.[11] Au sein de la diaspora, le rôle des femmes migrantes apparaît tout aussi important. Croyez-vous que la diaspora féminine soit plus engagée que la diaspora masculine?
Christine L'Heureux
Les diasporas féminines, arabes, africaines ou asiatiques, participent au développement de leurs pays d’origine dans différents domaines. Cependant, leur rôle demeure encore méconnu et négligé. Le manque de données migratoires désagrégées en fonction du sexe rend difficiles la compréhension et l’évaluation de leur apport spécifique[3].
Nombreuses sont les femmes de différentes diasporas à être engagées dans la défense des droits de la femme dans leurs pays d’origine. Waris Dirie, ancienne mannequin de renommée internationale est certainement un des exemples les plus probants. Après avoir été nommée Ambassadrice spéciale des Nations Unies pour l’élimination des mutilations génitales féminines, elle a écrit une autobiographie qui fut portée au grand écran et a mis sur pied une fondation pour militer contre cette pratique (DesertFlowerFoundation)[4]. Des cybercommunautés voient aussi le jour afin de dénoncer la situation de la femme, notamment dans les pays arabes. C’est ainsi que l’Arab Women Solidarity Association United a été mise sur pied en 2002. L’organisation est composée d’une majorité de membres établis aux États-Unis, issus de la diaspora arabe, et milite contre l’oppression des femmes dans les pays arabes[5]. En plus d’avoir créé une cybercommunauté d’échanges entre ses membres, cette organisation a organisé diverses conférences internationales portant sur les conditions de vie de la femme dans les pays arabes. Ces conférences ont donné lieu à de la littérature périodique, une production audio-visuelle ainsi que des livres concernant les enjeux qui touchent les femmes arabes.[6]
Longtemps, la participation de la diaspora féminine africaine à l’autonomisation économique des femmes de leurs pays d’origine a été connue à travers leur contribution à des caisses de solidarité (tontines)[7] qui ont permis de soutenir le développement socio-économique de nombreuses communautés. Scolarisée et qualifiée, la diaspora féminine africaine a le potentiel de soutenir la déconstruction du rôle traditionnel des genres dans les sociétés africaines[8]. Mais elles ont aussi un rôle important dans le domaine de la coopération intellectuelle à travers le transfert de savoir, de connaissances et le transfert technologique, particulièrement dans les domaines de l’environnement et de la santé.
Considérant le rôle que les membres la diaspora féminine africaine jouent et le potentiel dont elles disposent pour influencer le développement socio-économique de leurs communautés d’origine, l’Organisation internationale de la Migration a mis sur pied une base de données qui vise à recenser, dénombrer et évaluer le potentiel de cette diaspora[9].
Si l’apport des diasporas féminines est important pour leur pays d’origine, il importe aussi de mentionner le rôle important que jouent les femmes des différentes diasporas dans leurs communautés d’accueil. De nombreuses études portent sur l’apport des diasporas, mais peu se concentrent sur l’apport spécifique des femmes migrantes dans ces communautés. Une étude réalisée à Edmonton sur les immigrantes africaines de 2000 à 2006 démontre qu’elles participent significativement au développement socio-économique de leur communauté à travers « la réalisation d’activités sociocommunautaires et religieuses, la participation active dans la société, le bénévolat, la participation aux activités éducatives avec les enfants, l’aide apportée aux nouveaux arrivants […] et leur participation active au marché du travail »[10]. Il semble donc qu’où qu’elles soient, ces femmes favorisent un développement socio-économique dans leurs communautés.
Les approches genrées dans le développement sont de plus en plus à l’agenda des agences de développement entre autre parce que l’on considère les femmes comme des acteurs économiques et sociaux fortement engagés dans le développement de leurs communautés.[11] Au sein de la diaspora, le rôle des femmes migrantes apparaît tout aussi important. Croyez-vous que la diaspora féminine soit plus engagée que la diaspora masculine?
Christine L'Heureux