Ces regroupements ethniques occupent un rôle non négligeable au sein de notre économie. En effet, pour les Chinois, les « Chinatown » constituent une source d’opportunité d’affaires. Ces quartiers sont les endroits par excellence pour stimuler et encourager l’entrepreneuriat des immigrants. Ils constituent, dans les faits, un réel vecteur de croissance économique pour une ville. Certaines études ont démontré que les immigrants privilégient des quartiers laissés à l’abandon ou des secteurs d’activités peu exploités par la population locale. Cela a pour effet de substituer les secteurs moins rentables, délaissés au fil des ans, par de nouvelles entreprises fondées par des immigrants [2]. Les quartiers de la ville autrefois peu populaires ou abandonnés font place à un nouveau secteur où la mise en place d’un réseau financier et le développement de plateforme d’importation et d’exportation de produits sont possibles grâce à une nouvelle concentration d’entreprises [3]. D’ailleurs, dans certaines villes, comme cela a été le cas à Montréal vers les années 1920, la rapidité impressionnante de la création de quartiers chinois entraînait un tel développement que des églises, des temples et même des hôpitaux chinois ont été créés [4]. On peut imaginer que ces constructions ont entrainé la création de plusieurs emplois dans le domaine de la construction durant ces années, de même que dans le domaine de la santé pour assurer la viabilité des hôpitaux.
Aujourd’hui, les nouvelles générations apportent un vent de renouveau dans la place qu’occupe la population chinoise au Canada. Par ailleurs, il est question de renouveler l’image des Quartiers chinois. Les nouveaux arrivants chinois sont désormais plus instruits avec des diplômes en poche [5]. En l’occurrence, la migration des entrepreneurs chinois est facilitée par une appropriation du système économique canadien résultant de leur scolarisation. Ainsi, leur intégration à la culture canadienne est aussi facilitée [6]. Caractérisés par une mobilité géographique plus flexible et un sens des affaires plus prenant, les Chinois ont maintenant « tendance à quitter des régions à forte concentration ethnique pour s’installer dans les secteurs où les opportunités d’emploi sont meilleures » [7]. À titre d’exemple, iI y a maintenant des centres d’achats chinois en banlieue de Toronto, de Vancouver et de Montréal. D’ailleurs, ces investissements, fruit de la transnationalisation, sont réalisés grâce aux capitaux en provenance de la Chine.
L’exemple suivant démontre concrètement que les immigrants chinois aident au développement de l’économie canadienne. En novembre 2013, la ville de Laval était sous la mire de la compagnie asiatique Min Ying Holdings pour l’implantation d’un projet majeur d’un « centre de commerce international » [8]. On y retrouverait pas moins de 1 000 entreprises chinoises, qui permettraient aux Canadiens de faire du commerce de manière directe afin d’éliminer les intermédiaires et par le fait même augmenter les marges de profits. Outre ce centre commercial, la construction d’un « véritable quartier chinois de luxe », est prévue autour de ce centre. Ce dernier comprendrait des centaines de résidences de luxe pour satisfaire les quelque mille familles chinoises fortunées [9]. Preuve que ces « nouveaux Chinatown » permettent de stimuler l’économie locale, les riches entrepreneurs chinois s’engagent, dans cette démarche, à créer un minimum de 1 000 emplois destinés la population locale. Avec ce nouveau carrefour servant de vitrine pour les produits chinois à moindres coûts, devrions-nous nous inquiéter de l’avenir des parts de marché de nos produits québécois ?
Marie-Pier Grenier