Tapez les mots suivants dans un moteur de recherche : fuite de cerveaux des professionnels de la santé. Vous constatez que toutes les publications sur la première page concernent le continent africain? Bien que ces occurrences ne soient pas spécifiques aux pays africains, la documentation abondante sur le sujet est justifiée par le nombre croissant d’émigrations des professionnels de la santé que connaît l’Afrique depuis les dernières décennies.
La fuite des cerveaux désigne l’émigration de diplômés de l’enseignement tertiaire (études supérieures) pour de longues périodes de temps dans un pays étranger afin de trouver de meilleures conditions de vie, de travail ou de rémunération. [1] Il est important de noter que les statistiques disponibles sur la fuite des cerveaux des professionnels de la santé sont restreintes. Par contre, en analysant le bassin de diplômés de l’enseignement tertiaire nés en Afrique, nous constatons qu’un sur neuf vit dans la zone de l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE). La même analyse pour la région de l’Amérique latine et Caraïbes, l’Europe et l’Asie était respectivement de 1 sur 13, 1 sur 20 et 1 sur 30. [2] De plus, en 2000, 18,2% des médecins employés dans les pays de l’OCDE étaient nés à l’étranger; ce pourcentage variait de 1,5% à 47% selon les pays. En ce qui concerne les infirmières, il est estimé que la proportion se chiffrait à 10,7%. [3] Par ailleurs, en 2010, parmi les 10 pays ayant un taux d’expatriation de médecins élevé, nous comptions certains pays d’Afrique dont la Tanzanie, la Sierra Leone, l’Angola et le Mozambique présentant un taux variant de 55% à 65%. [4]
Les facteurs de « départ » et d’ «attrait » influent sur la décision de migrer. Les éléments de « départ-attrait » ou push pull factors sont décrits en termes de gradients entre les situations dans le pays d’origine de l’agent de santé et dans le pays d’accueil :
La fuite des cerveaux des professionnels de la santé représente une réelle menace pour l’amélioration de la santé de la population et donc pour le développement économique et social des pays en voie de développement. Bien que les flux migratoires ne soient pas la seule cause de la crise des ressources humaines de la santé qui sévit au niveau mondial, elle la renforce grandement. Dans certains pays en développement, les systèmes de santé se détériorent par cause du manque de financement et d’une pénurie chronique de fournitures de base, d’équipement et de personnel [6] :
« Cette perte de personnel peut entraîner de graves insuffisances dans les services disponibles pour les communautés locales et dans la capacité du pays à faire progresser ses programmes de développement dans le domaine de la santé. Pour compenser de telles pertes, les professionnels restants s’adaptent parfois pour fournir des services qui sortent du champ de leur expérience. Ceux qui ne partent pas portent aussi le fardeau que représentent une charge de travail accrue, davantage de tension, un faible salaire, un matériel de médiocre qualité, le manque de chefs d’équipe et d’information ainsi que l’absence de perspectives de carrière, l’ensemble de ces facteurs pouvant saper leur motivation à poursuivre leur travail dans de telles conditions. » [7]
Nous pouvons donc identifier une relation causale entre la fuite des cerveaux et la détérioration des conditions de travail et vice versa. Certes, il existe certaines solutions envisageables afin de réduire la fuite des cerveaux, favoriser leur retour ou les utiliser dans leur lieu de migration. Ceci nécessite une conjugaison d’efforts entre les gouvernements, les bailleurs de fonds, les institutions internationales et régionales. Par exemple :
La majorité des migrants économiques sont des professionnels. En l’occurrence, il est important de noter que lorsque le personnel a reçu une formation dans son pays d’origine grâce au système éducatif subventionné par l’État, ce sont les pays en développement qui vont soutenir les systèmes de santé des pays développés. Certaines mesures peuvent être prises entre les gouvernements afin de limiter les effets pervers des pertes du capital humain des pays en développement. En effet, des investissements dans l’éducation par les pays recruteurs pourraient servir de piste de solution. Par exemple, le Canada souhaite recruter des infirmières de la Tanzanie. Plutôt que de faire un simple recrutement, le Canada crée un institut de formation des infirmières en Tanzanie, financé par un employeur potentiel du Canada. Au terme de la formation, certaines infirmières de Tanzanie émigrent vers le Canada. Malgré le fait qu’il est inhabituel pour un pays d’investir dans le système éducatif d’un autre pays, lorsqu’il y a des déséquilibres de main-d’œuvre, cela peut être une bonne occasion d’offrir une compensation financière au pays « expéditeur » en renforçant ainsi les infrastructures. [10]
La fuite des cerveaux désigne l’émigration de diplômés de l’enseignement tertiaire (études supérieures) pour de longues périodes de temps dans un pays étranger afin de trouver de meilleures conditions de vie, de travail ou de rémunération. [1] Il est important de noter que les statistiques disponibles sur la fuite des cerveaux des professionnels de la santé sont restreintes. Par contre, en analysant le bassin de diplômés de l’enseignement tertiaire nés en Afrique, nous constatons qu’un sur neuf vit dans la zone de l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE). La même analyse pour la région de l’Amérique latine et Caraïbes, l’Europe et l’Asie était respectivement de 1 sur 13, 1 sur 20 et 1 sur 30. [2] De plus, en 2000, 18,2% des médecins employés dans les pays de l’OCDE étaient nés à l’étranger; ce pourcentage variait de 1,5% à 47% selon les pays. En ce qui concerne les infirmières, il est estimé que la proportion se chiffrait à 10,7%. [3] Par ailleurs, en 2010, parmi les 10 pays ayant un taux d’expatriation de médecins élevé, nous comptions certains pays d’Afrique dont la Tanzanie, la Sierra Leone, l’Angola et le Mozambique présentant un taux variant de 55% à 65%. [4]
Les facteurs de « départ » et d’ «attrait » influent sur la décision de migrer. Les éléments de « départ-attrait » ou push pull factors sont décrits en termes de gradients entre les situations dans le pays d’origine de l’agent de santé et dans le pays d’accueil :
- Le gradient du revenu;
- Le gradient de la satisfaction de l’emploi;
- Le gradient d’environnement organisationnel/opportunités de carrière;
- Le gradient de la gouvernance (au niveau organisationnel);
- Le gradient Protection/Risque (au niveau des maladies transmissibles telles le VIH/Sida);
- Le gradient de la Sécurité sociale et des avantages. [5]
La fuite des cerveaux des professionnels de la santé représente une réelle menace pour l’amélioration de la santé de la population et donc pour le développement économique et social des pays en voie de développement. Bien que les flux migratoires ne soient pas la seule cause de la crise des ressources humaines de la santé qui sévit au niveau mondial, elle la renforce grandement. Dans certains pays en développement, les systèmes de santé se détériorent par cause du manque de financement et d’une pénurie chronique de fournitures de base, d’équipement et de personnel [6] :
« Cette perte de personnel peut entraîner de graves insuffisances dans les services disponibles pour les communautés locales et dans la capacité du pays à faire progresser ses programmes de développement dans le domaine de la santé. Pour compenser de telles pertes, les professionnels restants s’adaptent parfois pour fournir des services qui sortent du champ de leur expérience. Ceux qui ne partent pas portent aussi le fardeau que représentent une charge de travail accrue, davantage de tension, un faible salaire, un matériel de médiocre qualité, le manque de chefs d’équipe et d’information ainsi que l’absence de perspectives de carrière, l’ensemble de ces facteurs pouvant saper leur motivation à poursuivre leur travail dans de telles conditions. » [7]
Nous pouvons donc identifier une relation causale entre la fuite des cerveaux et la détérioration des conditions de travail et vice versa. Certes, il existe certaines solutions envisageables afin de réduire la fuite des cerveaux, favoriser leur retour ou les utiliser dans leur lieu de migration. Ceci nécessite une conjugaison d’efforts entre les gouvernements, les bailleurs de fonds, les institutions internationales et régionales. Par exemple :
- Favorisation des échanges et de la collaboration entre professionnels spécialisés restés dans leur pays d’origine et ceux qui ont migré à l’étranger grâce à un système de réseautage utilisant les nouvelles technologies de l’information et communication; [8]
- Recrutement international et arrangements entre pays. Il s’agirait ici de recruter des médecins d’autres pays, par exemple Cuba;
- Prolongement de l’âge de la retraite;
- Mise en place de système de service obligatoire/contraignant. Dans ce cas-ci, il incomberait aux gouvernements des pays d’origine d’imposer un service obligatoire de quelques années à leurs diplômés vu l’investissement qui est fait dans le secteur de l’éducation pour la formation des professionnels de la santé;
- Systèmes de motivation et de primes. [9]
La majorité des migrants économiques sont des professionnels. En l’occurrence, il est important de noter que lorsque le personnel a reçu une formation dans son pays d’origine grâce au système éducatif subventionné par l’État, ce sont les pays en développement qui vont soutenir les systèmes de santé des pays développés. Certaines mesures peuvent être prises entre les gouvernements afin de limiter les effets pervers des pertes du capital humain des pays en développement. En effet, des investissements dans l’éducation par les pays recruteurs pourraient servir de piste de solution. Par exemple, le Canada souhaite recruter des infirmières de la Tanzanie. Plutôt que de faire un simple recrutement, le Canada crée un institut de formation des infirmières en Tanzanie, financé par un employeur potentiel du Canada. Au terme de la formation, certaines infirmières de Tanzanie émigrent vers le Canada. Malgré le fait qu’il est inhabituel pour un pays d’investir dans le système éducatif d’un autre pays, lorsqu’il y a des déséquilibres de main-d’œuvre, cela peut être une bonne occasion d’offrir une compensation financière au pays « expéditeur » en renforçant ainsi les infrastructures. [10]
Somme toute, les perspectives de contribution de la diaspora au développement de l’Afrique, tout comme la volonté croissante des dirigeants africains de reconnaître la valeur de cette contribution et les possibilités qu’offre la technologie de l’information, montrent qu’après tout, l’exode des cerveaux n’est pas une perte totale pour le continent.
Que pensez-vous du fait que certains gouvernements investissent dans le système éducatif d’autres pays ?
Marina Mognon-Loyer
Que pensez-vous du fait que certains gouvernements investissent dans le système éducatif d’autres pays ?
Marina Mognon-Loyer